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8 décembre 2014

Prainha Canto Verde belle et rebelle!

P1160174

Des rues faîtes de sable, des cocotiers qui se balancent au rythme du vent sur des places de sable, les dunes qui avancent imperceptiblement engloutissant les maisons abandonnées. Prainha do Canto Verde nous ouvre ses portes.

Sous ses aspects de tranquillité et de sérénité que dégage le paysage de la communauté se cache un esprit rebelle. Du feu sous les dunes.

Cette communauté paisible d’un millier d’habitant a une histoire peu banale. Elle commence en 1989, un groupe de femme se réunit, poussé par la crainte de se faire envahir par l’empire du tourisme. Elles avaient eu vent qu’une grande entreprise cherchait à acquérir des terres sur la commune pour construire une garnison. Pour se défendre de ce projet d’implantation d’un grand complexe touristique, elles vont demander l’aide de l’église. Le diocèse décide de leur fournir un avocat et de payer les frais de justice. Ils perdent leur premier procès, mais gagnent les 2 appels qui ont suivi. Ils ont de grandes chances de faire tomber César, malgré les procédures encore en cours et les différentes formes de pression exercées par l’empire. Nous sommes ravis de rencontrer des gens qui refusent les ponts d’or que leur propose l’entreprise en échange de leur terrain et préfèrent garder leur vie simple de pécheur. Il faut dire qu’ils ont été échaudés par les mésaventures de certains habitants de communautés voisines, qui, acceptant l’argent, se sont retrouvés sans maison et sans travail et sont venus gonflés les favelas de Fortaleza.

Dans la lancée du procès, les habitants créent une association en 1990 ce qui leur permet d’obtenir des aides de l’état pour construire une route, faire venir l’électricité et aider matériellement les pécheurs. En 2000, le village reçoit une aide financière pour que les maisons en bois se transforment en maison en brique. Enfin en 2009, est créée la réserve de Prainha, ReservaExtrativista Prainha do Canto Verde. Celle-ci permet au village de protéger leur culture et leur mode de vie avec comme mesure phare, l’interdiction pour les non-natifs d’acheter un terrain ici. L’empereur de l’entreprise de tourisme, qui, pour embéter la communauté, a fait construire une énorme villa sur la plage, va devoir détruire sa luxueuse résidence.

Cette bataille contre l’entreprise a entrainé beaucoup de réunions et d’échanges, elle a permis d’ouvrir les consciences, de prendre confiance. C’est ce qui a réuni les pécheurs pour se défendre. Il faut noter que 95% des habitants vivent de la pèche. Par “vivre” on entend “se nourrir”. La pèche est donc primordiale pour la durabilité de la communauté.

P1160160A la fin des années 80, les langoustes péchées se font de plus en plus rares mais surtout leurs tailles sont de plus en plus petites. Ceux qui sont, par contre, de plus en plus nombreux, ce sont les pécheurs venus du Nord, avec des techniques de pèches modernes et donc intensives, que les villageois appellent “pirates”. Ceux-ci détruisent les stocks de langoustes et mettent en péril la survie de la communauté. Les pécheurs se révoltent et partent dans un long périple jusqu’à Rio de Janeiro, en longeant la côte, un groupe par la mer, un autre par la terre, afin de sensibiliser les communautés de pécheurs rencontrées aux problèmes causés par ces “pirates”. La manifestation de 3 200 km réalisée en 72 jours a finalement réuni 3 000 personnes dans les rues de Rio. Ce tour de force a permis de faire évoluer la législation. La pèche à la langouste est désormais interdite 6 mois sur 12 pendant la période de reproduction. De plus, pour faire face au manque à gagner, l’état verse une indemnité financière aux pécheurs pendant ces 6 mois d’inactivité.

Encore une victoire pour ces pécheurs frondeurs. Cette loi, hélas, ne suffira pas pour stopper l’activité des pirates. Il faudra attendre 2009 et la création de la réserve qui en plus d’être terrestre est marine, pour voir les prises de langoustes pirates baisser drastiquement grâce à une surveillance et une pénalisation accrue des contrevenants.

Entre-temps, les pécheurs ont créé “forro di pescador”. Une entité qui permet de regrouper les bénéfices de tous les pécheurs dans une caisse et de les redistribuer équitablement à chacun. Cela permet d’éviter les fluctuations de revenus dû au caractère aléatoire de la pèche. Un bel exemple de solidarité.

Aujourd’hui, la commune est un exemple pour beaucoup de communautés environnantes. Ses représentants participent à de nombreux colloques et réunions à travers le pays pour partager leur expérience. La commune a également développé un tourisme familliale dont elle est fière. Arrivés par hasard dans ce village, nous avons été hébergé par Antonio et sa famille. Le meilleur endroit pour connaitre l’histoire de la communauté puisque Antonio est un des leader du mouvement. 3 jours uniques à dormir à la belle étoile dans les hamacs, partager une vie locale et déguster du poisson bien sur!

 

 

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