Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Prenons le temps d'aller au Brésil...
Prenons le temps d'aller au Brésil...
Publicité
Newsletter
Archives
2 décembre 2014

La Chapada Diamantina

   P1150574

La Chapada Diamantina tient son nom de l’exploitation de diamant qui eut cours ici à partir du milieu du XIX siècle et qui fit du Brésil le principal producteur de diamant au monde. Pour trouver le diamant, on détourne les cours d’eau, on brule les forêts qui bordent les rivières quitte à ce que le feu se propage et pour finir, on éclate les rochers à l’explosif. La forêt amazonienne descendait jusqu’ici avant l’arrivée des expatriés européens dans la région. C’était l’époque des « coronels », ils étaient à la tête d’une petite armée d’esclaves et se faisaient la guerre pour l’acquisition des territoires. Quand le diamant sud-africain meilleur marché a fait son apparition, les exploitions brésiliennes se sont arrêter progressivement. Quelques coronels, ne manquant pas d’idées, sont alors partis du côté d’Ilheus (plus à l’est dans l’état de Bahia) raser la Mata Atlantica mais cette fois pour le cacao… Ce serait d’ailleurs à cette époque que le nom de « mata » a été donné à la forêt, qui veut dire « tué » en portugais…

Aujourd’hui, quand on se promène autour et au cœur de La Chapada Diamantina on se demande tout le temps si ce qu’on voit est naturel ou est-ce un décor façonné par l’homme. La forêt a repris ses droits, mais ces gros rochers au milieu des cours d’eau, cette belle falaise, qu’est-ce qui les a fabriqué? Et même si le spectacle est magnifique combien d’espèces végétales et animales ont disparu? La petite ville d’Iguatu est le reflet parfait de ce qui a dû se passer dans le parc il y a quelques années. Seul le centre de la ville est resté peuplé alors qu’il y a un siècle il était habité  par des milliers de personnes. Aujourd’hui, la périphérie du village est une succession de ruine de maison en pierre. La ville s’est comme arrêté dans le temps le jour où les diamants ne rapportaient plus.

P1150797La Chapada Diamantina est une succession de paysages magnifiques alternant falaises, pics, vallées et plateaux, accompagné d’une végétation également très diversifiée passant de la forêt tropicale de la Mata Atlantica plus ou moins dense à la végétation du caatinga (végétation supportant la sécheresse comme par exemple les cactus et certains arbustes) et de l’inévitable Cerrado, nous sert de décor. La chapada est surtout réputée pour ses 300 cascades parfois vertigineuses comme celle de Fumaça la 2ème cascades la plus haute du monde… Nous visitons la valle do Pati à la fin de la saison sèche. Il est donc normal que certaines sources ne coulent plus. Mais qu’elle fût longue cette sécheresse, la fameuse Fumaça ne tombe plus. Séchée ! Aux dires des locaux, ils n’avaient jamais vu ça. La première cascade de notre chemin se dispersait en milliers de gouttelettes avant même de toucher le sol, d’habitude, il y coule quatre cascades. La sécheresse qui a sévit à Sao Paulo a beaucoup plus fait parlé, mais c’est une grande partie du Brésil qui l’a subi. Il serait facile de tout mettre sur le dos du réchauffement climatique. Sauf que depuis peu on parle d’un phénomène qu’on appelle les « rivières flottantes ». La forêt amazonienne rejetterait 20 milliard de tonnes d’eau par jour sous forme de vapeur, ce qui est plus que le fleuve amazone lui-même. Cette eau retombe normalement sous forme de pluie dans tout le sud et l’ouest du Brésil mais aussi en Bolivie, au Paraguay et en Argentine. Cette sécheresse serait-elle déjà une conséquence de la déforestation intensive ?

P1150652   P1150554

La Chapada Diamantina est le paradis des randonneurs brésiliens. Nous avons choisi d’arpenter les chemins de la valle do Pati pendant 6 jours avec Yannick, un français vivant ici depuis 8 ans. Ce n’est pas un guide professionnel, avec lui on dort dans les grottes, on chine des bananes à tous les locaux croisés, on se baigne dans toutes les cascades, on marche vite. Yannick est un intégral comme la farine et le riz qu’il mange, il ne déroge pas de ses principes. Il aime les animaux, même les puces ! Il se lave à l’argile pour ne pas souiller les rivières avec du savon. Nos gâteaux « nestlé », il n’en mangera pas. Par contre, il nous fera dégusté le Jaca. Un fruit énorme et succulent qui pend par dizaines dans leur arbre, on a même cuisiné les noyaux. Un jaca peut nourrir trois personnes à lui tout seul. Yannick n’est pas le seul « alternatif » de la Chapada Diamantina, au contraire… Toute une communauté s’est installée à proximité. Les hippies ont du goùt, ils se posent généralement dans des endroits magnifiques où la nature est reine. On en rencontre beaucoup dans la valle do Capao à la frontière du parc. L’agro business est aussi attiré par ce territoire, mais ce n’est pas le paysage qui l’attire, c’est juste un territoire de plus qui pour l’instant ne lui rapporte rien. Autour du parc, il règne en maître, attendant son heure, tapi dans la plaine, il est prêt à bondir. Au Brésil, rien n’est figé, le lobby de l’agro-industrie a beaucoup de pouvoir, les arbres très peu, le bruit court qu’il tenterait d’acheter des terres à l’intérieur du parc… L'histoire se répetera-t-elle?

P1150756

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
E
excellent récit !! merci de nourrir notre culture ! cela nous donne vraiment envie d'aller découvrir ces grands espaces ! profitez , bises
G
Oh non, déconnez pas !!! ;-)
S
Tu vas finir par vouloir rester là-bas mon Benoît ! Déconnez pas !
Publicité